Holocrimes – Cent versets

Homophonies, palimpsestes phonétiques, effets d’écho, polygraphies (détecteur de mensonge ?)… Quand les mots s’emmêlent, les sons se rebellent et envoient la forme par le fond ; quand le langage s’égare, entre en résonance avec lui-même, les possibles s’ouvrent sur un réel multidimensionnel…


Seuls les saules savent
Si les slaves saouls,
Sous leurs propos d’osier,
Portent des bas d’airain
Comme les paralytiques.

Si l’encensoir des chouettes émiette généreux
La stridence gênée des éponges furieuses
Dans le silence des genêts, muette et rieuse,
Une mouette curieuse oscille en songe.

Sapeur étoile. Papier danseur.
Le poids du deuil, ma sœur.
L’émoi censeur, le pope a peur,
Sans toi les voiles meurent.

Billot d’hiver scié
Toussons l’égout dans la Nature
Civet d’aboli nerf
Goûtez l’amèr’ déconfiture.

Nain aigri, vois la masse turpide en action,
La sueur assujettie aux foules extatiques.
Entends-tu les cris d’oie, les massues en faction,
Et la houle asservie au suaire hémostatique ?

Ô suzerain cruel qui fais couler le chant
De tes vassaux sanguins,
Où s’ouvre la ruelle où tu foulais le temps
De tes bases au Tonkin ?

Lis, Larry, tes comptages d’Yeuses,
D’encre est l’arme aux yeux des seiches.
La mamelle tarie, l’ancre sèche au pontage ;
De là, l’élan comique : deux lamelles en colis.

Quart-jeu : ma tribu – l’Ebène – fils,
Fait monter le houx blond,
Tribut fissile, pieu fomenté,
Dans la bière d’un enfant blond et doux.

Buste à vif, l’odeur l’éduque. Action anti-mentale.
Le roux, je le noie ! Rends : riz, baies, les sandales !
Le charter ose des palmes.

Jeune Lady, mangez aujourd’hui
La neige enlaidie car vos joues vous démangent.
Veillez, priez, jeûnez, dès dimanche
Pour ma jeunesse démente qui s’enfuit.

Dans le temps suspendu des corps enlacés
Aux lessives de soude, aux salives rendues
Sans sous-entendus, le corset délacé, lascive
Décors défendus, rétive, elle se coude.

Haut candélabre en ombre chinoise
Danse macabre des nombres solaires
Au temps des larmes du chanvre, colère !
Dans ce vacarme d’ambre scalaire
Autant de drames – sombre nichoir.

Amante vous dormiez pensant que
Le gin fizz infusait en terrasse.
A Mende vous tourniez pendant que
Billy Jean fusait à Pise ou Thrace.
Ha ! Rendez-vous, bourbiers ! Gens sans queue !
Le Djinn fou gisait. Amen. Hélas.

Le sang bleu coule au flanc des cerisiers en pleurs
Phytothérapie d’un mage nu sans ses fées,
Laid, sans peur, au cou franc d’un chemisier à fleurs ;
Suite au thé, ravie, tu marches aux nues sans effets

Paulie s’est mis le doigt dans l’oeil !
Homo ? Faux. Ni à voile, ni à vapeur !
L’arrêt alité des fesses qu’on fond a vécu.
Naissent, paissent, deux faons t’astiquent.

Au solstice les étoiles cirées
Au sol tissent une toile fuyante
Que des fats briquent de conserve
Pour les facteurs d’organe.
Tandis que les chercheurs d’or gainent
Leurs siphons d’eau jaune de ces chiffons d’ozone.

Retour dément de Sainte Taxe
Grand-mère a découvert l’anthrax
Soit je malaxe tes seins au goût vert
Soit je relaxe mes desseins à couvert

Aux soirs des banquets de l’administration,
Des privilégiés goûtent
Les petits fours crématoires
D’un traiteur sur gages.
Ossuaire des bancs, quai des arts, mini-station,
Des prix vils et chiés gouttent
Les petits jours : craie mate, voire
D’un trait, tueur à gage.

L’étain pâle, le lit vide,
Les solives molles s’entrelacent
Les timbales livides
Pleines d’olives folles – ventre las.

Obsessionnelle, Marine – sans père – fit des listes
Robe sensationnelle pour « marines » : Semper Fidelis !

L’aster et l’eau, leçons de cloche :
Stérilité des microcosmes éthiques,
Aster irrité d’amiraux cosmétiques,
Mastère et mots : deux sons de pioche.

Dans les rues de mille nations,
Avisés, des profs étiques défilent
Et défient les nations
De leurs ruminations à visée prophétique.

Des prêtres psalmodient et font semblant
D’exploser le cadastre en cadence
Des prêteurs sales, maudits, foncent en blanc,
Et pèsent le Kâ d’astres en balance.

Montent au ciel des transes au masque de fer
Et dessinent les constellations
D’un monde transférentiel :
La masse des signes qu’on scelle à Sion.


Image : Vaguelettes de sable, Jean-Marc Azema