« Une transition verte qui ne laisse personne derrière ». Voilà le vœu pieux qu’affichent les « global leaders », réunis au Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier global, dans une lettre ouverte au monde publiée dans le Guardian de ce matin.
Ça donnerait presque l’impression qu’ils ont envie de bien faire, s’ils n’étaient pas si enlisés dans leurs schémas mentaux, ceux-là même qui sont la cause du merdier politique, social et environnemental ambiant.
Bon, déjà, à part le Président du Sénégal, Macky Sall, les signataires sont les dirigeants des grands pays occidentaux, ceux qui s’engraissent copieusement sur le dos du reste du monde depuis… euh, depuis combien de temps au fait ?
Je te laisse lire l’intégralité de la bafouille sur le site du Guardian, ou du Monde (si tu préfères le français et que t’es abonné). Voici quelques perles qui sentent bon la sincérité et le changement de paradigme…
We are urgently working to deliver more for people and the planet.
(…)
We are urgently working to fight poverty and inequalities.
(…)
We should thus place people at the centre of our strategy to increase human welfare everywhere on the globe.
Mais j’ai envie de dire, « What the fuck have you been waiting for ? »
We want a system that better addresses development needs and vulnerabilities, (…) and achieve inclusive economic growth.
Ah, ça va, les vieux démons de la croissance ne sont pas complètement ringardisés.
We want our system to deliver more for the planet. The transition to a net zero world and the goals of the Paris agreement present an opportunity for this generation to unlock a new era of sustainable global economic growth.
Ben voyons… On serait pas dans le business as usual ?
we also need new economic models which recognise the immense value of nature for humanity
(…)
We are convinced that poverty reduction and protection of the planet are converging objectives. We must prioritise just and inclusive transitions to ensure that the poor and most vulnerable can fully reap the benefits of this opportunity
Ah, dommage, ça commençait bien, avec l’idée d’un nouveau modèle économique ; mais cette idée de « récolter les bénéfices » est très connotée du côté néolibéral de la force…
There will be no transition if there is no solidarity, economic opportunities, or sustainable growth to finance it.
Ah, le mantra de la croissance… Au fait, il y a un festival sur la Décroissance fin juillet à St Maixent l’Ecole (79), tu crois qu’ils vont venir ?
Our total global ambition of $100bn (£78bn) of voluntary contributions for countries most in need
Pour comparaison, la fraude et l’évasion fiscale représentent entre 1000 milliards d’euro par an dans l’Union Européenne. C’est pas moi qui le dis, c’est l’Union Européenne.
Bon, donc on sait où prendre l’argent, c’est pas compliqué !
A top priority is to continue ambitious reform of our system of multilateral development banks, building on the existing momentum.
Non mais le momentum, les gars, il est environnemental, pas bancaire : quand les petits déséquilibres diffus des écosystèmes vont déclencher des effets de dérèglement en cascade, là vous pourrez parler de momentum. Et vos banques multilatérales seront bien impuissantes.
This comprehensive approach will require new metrics to update our accountability instruments.
Et voilà, on y revient : des indicateurs, des compteurs, du quantitatif… Ça fera des beaux powerpoint pour le prochain Sommet des Gogos.
Public finance will remain essential to achieving our goals.
(…)
This implies climate and other disaster-resilient deferral mechanisms, insurance nets and emergency-response financing, including a more sustainable financing model of humanitarian aid.
Ah, tiens, ne serait-ce pas le renvoi d’ascenseur aux investisseurs institutionnels (les compagnies d’assurance) qui viennent d’injecter entre 7 et 10 milliards d’euro dans la tech française ?
Achieving our development goals, including climate mitigation, will also depend on scaling up private capital flows. This requires enhanced mobilisation of the private sector with its financial resources and its innovative strength
(…)
This also requires improving the business environment, implementing common standards and adequate capacity building, and reducing perceived risks, such as in foreign exchange and credit markets. This may require public support, as well as sharing reliable data.
Nous y voilà… Dans ce contexte, « partager des données fiables » ça veut dire disposer de données personnelles pour pouvoir prêter de l’argent uniquement à des gens vraiment solvables.
Our work together is all about solidarity and collective action, to reduce the challenges facing developing countries and to fulfil our global agenda
Putain, mais ils se foutent vraiment de notre gueule ! T’es pas curieux de savoir ce qu’il y a vraiment dans leur « global agenda » ?